Punaises de lit à Toulouse : l’Occitanie touchée par le nuisible

Article de LA DEPECHE du 27 juillet 2021

Punaises de lit : l’Occitanie n’échappe pas à ce fléau amplifié par les confinements

  • 2020 a vu une augmentation de 76 % du nombre d’interventions en lien avec les punaises en France.

Depuis quelques années, l’Occitanie est la cinquième région de France la plus touchée par le fléau des punaises de lit. En 2020 et 2021 cependant, les confinements ont accéléré le phénomène de prolifération. Coût financier, impact psychologique, produits chimiques… Un problème aux multiples facettes.

Les punaises de lit semblaient avoir disparu en France depuis les années 50. Mais depuis vingt ans, au gré de l’augmentation des voyages internationaux, elles sont de retour. L’Occitanie, 5ème région la plus touchée, n’échappe pas à la prolifération de l’insecte hématophage, présent au cœur des foyers. Un fléau qui peut toucher n’importe quel type d’habitat. 

Le marché de la désinfection en plein boom

Tout pouvait laisser penser que les confinements et les restrictions de voyage allaient réguler la prolifération galopante des punaises de lit. Or, une enquête menée par la Chambre Syndicale des professionnels de la dératisation, désinsectisation, désinfection (CS3D), montre que pour près de 60 % des professionnels, l’activité relative à cet insecte a augmenté. Stéphane Bras, porte-parole de la CS3D, remarque que “les entreprises ont beaucoup recruté”.

L’entreprise toulousaine Dardard, a vu son chiffre d’affaires s’accroître cette année : “nous avons eu 30% de demande en plus”, explique Mélanie Savary, gérante. “Depuis notre création en 2006, la demande est croissante. Le phénomène s’explique aussi par les Airbnb et la mode des meubles de seconde main”. 2020 a ainsi vu une augmentation de 76 % du nombre d’interventions en lien avec les punaises en France.

“Nous avons ramené des punaises dans nos valises”

Si longtemps la punaise a été un fléau à l’ombre des politiques publiques en Occitanie, la mairie de Toulouse a adopté à l’unanimité le 18 juin dernier le vœu d’Archipel Citoyen pour la reconnaissance de l’enjeu de santé publique posé par la multiplication.

Ces infestations sont un réel poids sociétal et psychologique pour les victimes. Mme Addani, habitante de la rue du Cher à Toulouse, explique dans une vidéo du compte Twitter d’Odile Maurin à quel point cela a affecté son moral. “En l’espace d’une semaine j’ai perdu mon mobilier, certains habits, je n’ai pas pu sauver grand-chose. En plus de ça, on m’a rabaissée, traitée de personne sale”, se désole-t-elle. Christiane, résidant à Aubin (Aveyron), a aussi été victime de la punaise durant trois longs mois. “Nous avons ramené des punaises dans nos valises suite à un séjour en hôtel”, raconte-t-elle. “Je n’ai pas retrouvé le sommeil tout de suite, je n’arrêtais pas de scruter la peau des enfants”.

“Le chimique est indispensable, mais il faut le repenser”

“J’ai eu pour plus de 1000€ de produits inutiles, avant d’appeler une entreprise qui m’a coûtée 700€”, regrette Mme Addani. Un coût qui grimpe vite si on ne fait pas rapidement appel à des spécialistes. Pour Mélanie Savary, le problème réside aussi dans la résistance des punaises à certains produits chimiques utilisés. “Le chimique est indispensable mais il faut le repenser. Les punaises sont devenues résistantes, certains clients en avaient depuis trois ans”.

Stéphane Bras souligne en revanche la réduction drastique des produits toxiques pour des raisons environnementales : “Des insecticides ont été supprimés du marché, à raison, mais ils étaient très efficaces”. Tentes, chauffage intégral, détection par les chiens… Des alternatives contre la punaise de lit existent pourtant, fleurissent un peu partout et commencent, doucement, à faire mouche.

Mathilde Collet